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Pourquoi parle-t-on de « bons » et de « mauvais » viols?

 

Ecrit par Noara Zerguine pour Resonantes

#CultureDuViol

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La loi est claire dans sa définition du viol : il s’agit de « tout acte de pénétration sexuelle [l’introduction d’un pénis, d’un doigt ou d’un objet dans un vagin, une bouche ou un anus], ou tout acte bucco-génital, commis avec violence, contrainte, menace ou surprise ». Cependant, la société semble avoir une manière bien à elle d’interpréter les textes juridiques en matière de viol. Dans les médias ou sur les réseaux sociaux, mais aussi dans les commissariats ou même les tribunaux, la définition du viol se voit souvent  restreinte au seul dénominateur « violence », ignorant la « contrainte », la « menace » ou la « surprise », pourtant présentes dans la loi.

 

En effet, malgré les avancées des droits des femmes, une idée reçue persiste, portée par la « culture du viol » : un « vrai » viol a lieu la nuit, dans une ruelle sombre, l’agresseur est un inconnu, un « maniaque sexuel » pris d’une pulsion incontrôlable, il est armé, il fait preuve de violence physique pour soumettre sa victime, il la pénètre avec son pénis, celle-ci hurle, se débat, sur son corps apparaissent des traces de coups, de strangulations. C’est le schéma que l’on retrouve majoritairement au cinéma, dans les scènes de films qui prétendent représenter un viol. Si une victime de viol se retrouve dans cette situation, qu’elle coche chacune de ces cases, alors elle aura beaucoup plus de chance que sa parole soit prise en compte : elle correspondra aux attentes de l’inconscient collectif en matière de viol. C’est pourquoi on parle, de manière ironique, de « bon » viol, celui qui a des chances d’être justiciable.

 

Un crime sans cadavre

Cependant, dans la réalité, un viol ne se passe que très rarement de cette façon. D’abord parce que, dans 91 % des cas de violences sexuelles, les victimes connaissent leur agresseur ; dans 45 %, il s’agit de leur conjoint ou de leur ex (*). Ensuite parce que près de la moitié des viols ou des tentatives de viols – parce que causés par contrainte, menace ou surprise – n’entraînent aucune blessure physique sur la victime. Un viol, c’est un pote qui abuse de l’ivresse d’une copine pour la pénétrer. C’est un.e conjoint.e qui profite du sommeil de son/sa partenaire pour satisfaire son désir. C’est un.e ami.e de la famille qui contraint par son autorité un enfant à des actes sexuels. C’est un mari qui oblige sa femme à avoir des relations sexuelles alors qu’elle n’en a pas envie. C’est un mec qui fait du chantage à sa copine (si tu ne veux pas j’irai voir ailleurs/je vais mettre des nudes de toi sur les réseaux) pour lui imposer des pratiques sexuelles... Dans la majorité des cas, un viol ne fait pas de bruit, il se passe dans la quiétude d’une chambre à coucher, il n’y a ni cris ni pleurs. Juste une violence silencieuse qui traumatise la victime. C’est un « crime sans cadavre », comme l’écrit l’autrice Giulia Foïs (**). 

 

Lorsqu’une victime subit ce type de viol, dans la sphère privée, commis par une personne qu’elle connaît, sans violence physique, alors sa parole aura beaucoup plus de risques d’être mise en doute : elle ne correspondra pas aux attentes de la société en matière de viol. On rétorquera : Mais pourquoi elle n’a pas crié ? Pourquoi elle n’a pas repoussé son agresseur ? Pourquoi elle s’est forcée ? Ces phrases sont prononcées par des personnes qui ont une forte méconnaissance des phénomènes de dissociation, de sidération et des mécanismes du psychotraumatisme, à l'œuvre lors des violences sexuelles. C’est la raison pour laquelle on parle, de manière tout aussi ironique, de « mauvais » viol, celui qui aura du mal à être pris au sérieux par la société, par la justice. 

 

Cependant  le regard porté sur le viol évolue : le fait même d’avoir posé les termes de « bon » et de « mauvais » viols permet de mettre au jour l’inadéquation entre les fantasmes que porte la société sur les violences sexuelles et leur réalité. Il s’agit d’un pas conséquent pour changer notre écoute des victimes...

Références:

(*) «Les violences au sein du couple et les violences sexuelles en France en 2020», rapport du ministère chargé de l'Égalité entre les femmes et les hommes, paru en novembre 2021, basé sur des données statistiques des ministères de l’Intérieur et de la Justice.

(**) Je suis une sur deux, éd. Flammarion, 2020.

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